Lettre ouverte du Comité de Quartier aux 2 listes restantes pour rappeler les dix sujets essentiels pour notre quartier.

Bonjour Madame, bonjour Monsieur,

Avant le 1er tour des élections municipales du 15 mars 2020, le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris, pour apporter sa contribution à ce rendez-vous démocratique en favorisant la confrontation des projets et le débat d’idées, avait pris plusieurs initiatives :

  • la rédaction d’un Cahier d’Avenir, composé de 10 thèmes et de 45 questions, qui a été envoyé aux candidats conduisant les principales listes en présence. Ce Cahier d’Avenir, tout comme les réponses, sont toujours accessibles sur le site internet du Comité de Quartier ;
  • l’organisation d’une réunion publique le mercredi 26 février à la Maison de la Citoyenneté, Place du Marché aux Cochons, avec les principales listes candidates au premier tour des élections municipales. Au cours de cette réunion, le Comité de Quartier a posé aux différents candidats huit questions essentielles pour le quartier et sur lesquelles nous souhaitons des actions durant le prochain mandat.

Alors qu’approche la date du second tour des élections, le 28 juin prochain, nous adressons cette lettre ouverte aux deux listes encore en présence pour le 2ème tour : la liste « Aimer Toulouse » menée par le Maire sortant Jean-Luc Moudenc, et la liste « Archipel Citoyen» menée par Antoine Maurice . Cette lettre restera consultable sur le site Internet du Comité de Quartier www.comite-de-quartier-minimes-barriere-de-paris.org, tout comme les réponses que nous attendons.

Par cette lettre, le Comité de Quartier rappelle à ces deux listes les dix sujets essentiels pour notre quartier :

1° LA DEMOCRATIE LOCALE

Si ce vote est le moment où le citoyen choisit les orientations générales et une ligne politique, les habitants de la ville veulent être informés et contribuer aux prises de décisions durant ce mandat.

Nous demandons par conséquent une meilleure prise en compte des aspirations de la population grâce à l’action d’associations représentatives. Il est absolument nécessaire que les élus rencontrent régulièrement les associations du secteur, pour répondre aux nombreuses questions qui nous sont posées directement par les habitants. Nous souhaitons également être associés en amont des projets, et ce tout particulièrement sur la thématique de l’urbanisme.

2° LE PLUi-H (Plan Local d’Urbanisme intercommunal – Habitat)

Avec l’arrivée de la 3ème ligne de métro TAE à l’horizon 2025, dont quatre stations seraient situées dans notre quartier (Bd de Suisse, Fondeyre, Toulouse-Lautrec, Raynal), et une interconnexion à la station de La Vache, nous sommes à un moment crucial de l’évolution de notre quartier : de la qualité de la réflexion et de la concertation, tout comme des moyens mis en œuvre, dépendra le succès ou l’échec de ces opérations pour l’attractivité du quartier, le bien-être des habitants et le bien-vivre-ensemble.

Le PLUi-H de Toulouse-Métropole, entré en vigueur en 2019, doit répondre aux besoins des habitants actuels et futurs tout en solutionnant les problèmes de pollution, la saturation des voies, l’étalement urbain, la défiguration du cadre de vie, etc.

Dans cet objectif, des habitants et le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris ont mené un travail collectif de réflexion pour la création de « cœurs de quartier » avec :

la demande d’emprises foncières sur Mazet pour La Vache, pour le parking-silo, l’aire de covoiturage et la gare de bus, avec un accès par l’impasse du Marché Gare, ce qui permettrait d’éviter au maximum les véhicules automobiles et les bus dans les rues de La Vache, non adaptées; – une emprise foncière sur le Karting à Fondeyre, ce qui permettrait d’agrandir le jardin Cervantès et de créer un parking avec un accès par la rue Garcia Lorca, pour éviter là-aussi les véhicules automobiles dans les petites rues du quartier, non adaptées à des flux de circulation. Ce travail a d’ailleurs servi de contribution à l’Enquête Publique.

3° LE PDU (PLAN DE DEPLACEMENT URBAIN)

La circulation et le stationnement sont problématiques dans l’ensemble de notre quartier où le trafic est en augmentation constante. Plusieurs « points noirs » doivent être traités au plus vite :

  • la Barrière-de-Paris avec ses 5 voies suscite tous les jours aux heures de pointe une gêne considérable pour les automobilistes, mais aussi pour les cyclistes et les piétons. Elle est source de recherches de solutions d’évitement par des rues destinées à l’origine à la circulation des riverains ;

la M820, nouveau nom de la route de Paris, est un grand axe très fréquenté ;

au débouché de l’Avenue d’Elche, les boulevards Silvio Trentin, Pierre et Marie Curie partagent notre quartier en deux et sont dangereux pour les cyclistes et les piétons. Le Comité de Quartier demandait déjà en 2015 un traitement arboré et apaisé de ces grands boulevards du quartier ;

Utiliser le vélo dans notre quartier est téméraire et peu rassurant.

Globalement, nous devons mettre en oeuvre une réelle cohabitation de tous les modes de déplacements : piéton, vélo, métro, bus, TER, automobile pour arriver à une réduction de l’utilisation de la voiture, ce qui contribuerait à résoudre les problèmes de pollution, de circulation, de stationnement, de dangerosité, etc.

Les habitants sont demandeurs d’une offre performante de moyens de transports collectifs (bus, ligne B de métro, 3ème ligne de métro TAE, ligne de type RER entre Castelnau d’Estrétefonds et Matabiau, et se prolongeant jusqu’à Baziège, avec deux haltes dans notre quartier, à Lalande et à La Vache). Ce qui implique que le problème du stationnement et des parkings soit correctement traité par la création de parkings relais en amont.

Concernant les déplacements en vélos, le Comité de Quartier souhaite la co-construction d’un véritable réseau cyclable dans le quartier, reliant les points d’intérêt du quartier (les équipements sportifs et culturels, les espaces verts, les écoles, les stations de métro, le Canal), et permettant les franchissements du Canal du Midi, du Canal Latéral et de la voie ferrée.

4° LE PLAN CANAL LATERAL A LA GARONNE

Le Comité de Quartier a obtenu que le Canal Latéral soit classé en zone de biodiversité, lors de la dernière révision du PLUi-H.

Il est indispensable d’aménager ce Canal pour faire vivre et rendre agréable cette partie emblématique de Toulouse, véritable voie verte d’accès à la ville par le Nord.

Le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris demande que le mur antibruit parallèle à la rocade, initialement prévu depuis les Ponts-Jumeaux jusqu’au Chemin du Prat Long, soit effectivement construit et prolongé jusqu’à Fondeyre afin de donner une autre qualité à cette entrée de ville. Nous demandons aussi des liaisons en mode doux entre le quartier et le Canal Latéral, et au-delà avec la zone de l’autre côté de la rocade, ainsi que le respect et la mise en valeur de la biodiversité.

5° LE GRAND MATABIAU QUAIS D’OC

Dans le cadre du projet TESO, une nouvelle voie Raynal devrait partir de l’avenue de Lyon et rejoindre la rue Pierre Cazeneuve, et donc le Boulevard Pierre et Marie Curie.

Le Comité de Quartier, dans sa contribution à l’enquête publique et dans ses participations aux Ateliers de concertation, a exprimé sa crainte que cette voie Raynal devienne une pénétrante d’accès à la Gare Raynal-Matabiau par le boulevard d’Elche puis par le boulevard Silvio Trentin, la Barrière de Paris, le boulevard Pierre et Marie Curie, et enfin la rue Pierre Cazeneuve. Depuis 2015, le Comité de Quartier se bat pour éviter que ce projet ait pour conséquence la coupure du quartier en deux parties avec aggravation de la circulation et de la pollution dans notre quartier. Le Comité de Quartier demandait déjà en 2015 un traitement arboré et apaisé de ces grands boulevards du quartier.

6° L’ AMENAGEMENT DE L’ESPACE PUBLIC, LES TROTTOIRS ET LA VOIRIE

La place du Marché aux Cochons vient d’être terminée et l’avenue des Minimes a été aménagée jusqu’à l’Eglise des Minimes.

Le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris demande la poursuite de l’aménagement de l’avenue des Minimes jusqu’à la Barrière-de-Paris, le traitement des boulevards Sylvio Trentin et Pierre Curie, de la route de Launaguet, l’aménagement des trottoirs et de pistes cyclables sécurisées, ainsi que des carrefours de Barrière de Paris et de la route de Launaguet. Notre Comité souhaite que les grands boulevards de notre quartier fassent l’objet, dans le cadre d’une réelle concertation, d’un traitement paysager de très haute qualité afin que les piétons, les cyclistes et les espaces dévolus aux voitures (stationnement et circulation) cohabitent d’une manière harmonieuse et sûre.

7° LE PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) ESSO / STCM FONDEYRE :

L’année 2019 a vu au moins trois incendies dans le stockage de batteries à la STCM (dont le dernier le 30 septembre), et le déraillement d’un train de livraison de carburant à ESSO le 27 décembre.

Le Comité de Quartier a continué à agir à ce sujet pendant la période de confinement (voir les Bulletins Infos Hebdos n°3 du 02/04, n°5 du 16/04, et n°8 du 07/05).

Les installations ESSO et STCM à Fondeyre, classées SEVESO 2, font l’objet d’une très forte implication et préoccupation du Comité de Quartier qui demande leur déplacement hors zone urbaine.

Conformément à la recommandation des Commissaires Enquêteurs, lors de l’Enquête Publique de 2017, le Comité demande la constitution dans les meilleurs délais, d’une Commission ad hoc en charge d’étudier la faisabilité du déplacement de ces deux sites.

8° LA SECURITE ET LES NUISANCES LIEES À LA PROSTITUTION

En 2014, suite à un arrêté municipal, la prostitution s’est déplacée des Ponts-Jumeaux sur notre quartier. La mobilisation des habitants a abouti à un arrêté complémentaire, et les nuisances liées à la prostitution ont sévi au-delà du rond-point Cassagne essentiellement, mais sont aussi revenues sur l’avenue des Minimes, le long de l’avenue des Etats-Unis, et dans les rues adjacentes, avec une situation invivable Impasse de la Glacière et Impasse des Etats-Unis. En parallèle, le sentiment d’insécurité a augmenté dans notre quartier.

En 2019, suite à une pétition qui a recueilli plus de 800 signatures, un courrier a été adressé au Préfet, au Procureur, au Député, au Maire de Toulouse, au Maire de quartier et au responsable de la Police Municipale. Fin octobre 2019, l’arrêté a été étendu jusqu’au Carrefour de Lalande, pour une durée de six mois, soit jusqu’au 22 mars 2020.

Le Comité de Quartier poursuit son action sans relâche pour la reconduction, l’extension et surtout la stricte application des arrêtés municipaux successifs pour lutter contre les nuisances de la prostitution.

La mise en place de réunions régulières du Comité de Quartier avec la Police Nationale et d’actions de suivi de la Police Nationale et de la Police Municipale ont permis de voir une diminution nette de la prostitution dans notre quartier, mais cette situation est encore bien fragile. Avec le confinement, les activités de prostitution avaient cessé : les nuisances liées à la prostitution ont disparu, pour la plus grande satisfaction des habitants, en particulier ceux des impasses des Etats-Unis et de la Glacière, qui ont retrouvé le calme auquel ils aspiraient depuis 2014 (voir les Bulletins Infos Hebdos n°5 du 16/04 et n°9 du 16/05)

Mais depuis le début du dé-confinement, les nuisances liées à la prostitution sont de retour, depuis la Barrière de Paris, le long de l’avenue des Etats-Unis et des rues adjacentes, l’arrêté n’étant plus en vigueur depuis le 22 mars…

Le Comité de Quartier interpellera à ce sujet les élus dès leur élection, avant que la situation ne soit trop dégradée et trop difficile à reprendre en main.

9° LA MIXITE SOCIALE, L’HABITAT SOCIAL ET L’URBANISME :

La loi oblige notre ville à atteindre le seuil de 25% de logements sociaux.

Notre Comité veut promouvoir une véritable mixité sociale, avec des programmes immobiliers construisant des résidences respectant un juste équilibre entre les logements relevant du secteur libre, de l’accession sociale à la propriété et de l’habitat locatif social.

10° LA QUALITÉ DE VIE POUR LES HABITANTS DES « CITES ET LIEUX SENSIBLES »

Dans notre quartier, de nombreuses petites résidences ont été acquises par des propriétaires non occupants, dans le cadre de la défiscalisation, avec pour conséquence une rotation rapide des locataires, et de nombreux problèmes de dégradation et de cohabitation.

Les cités Bourbaki et Négreneys sont en outre en cours de rénovation et de reconstruction. D’un point de vue global, 6 000 logements sociaux anciens sont ou seront détruits sur l’ensemble des logements sociaux à Toulouse. Selon Toulouse Métropole Habitat, un nombre équivalent de logements sera reconstruit à terme.

Depuis quatre ans, devant la montée des nuisances et des incivilités témoignée par les habitants des cités Bourbaki, Négreneys, Mazades, ainsi que dans le secteur La Vache, le Comité de Quartier a créé une commission dédiée à ces difficultés avec des actions spécifiques : réunions avec les habitants, jardins partagés, activités sportives et culturelles, parrainage de stages et formations, voisinades, repas partagés, fêtes, lieux dédiés accompagnés pour les jeunes, rencontres avec les acteurs politiques et autres intervenants tels la Police, le Club de Prévention.

La commission Cités du Comité de Quartier constate que beaucoup de ces nuisances découlent des trafics de produits stupéfiants. La concentration des difficultés, le sentiment d’insécurité suite à l’occupation de certains lieux par les acteurs du trafic sont aussi en cause.

Pendant le confinement, le Comité de Quartier et les habitants ont alerté à plusieurs reprises les élus, la Police nationale, la Police Municipale à ce sujet et des actions ont été menées (voir les Bulletins Infos Hebdos n°2 du 26/03, n°3 du 02/04, n°4 du 09/04, n°5 du 16/04, n°9 du 16/05).

À travers son expérience, la commission Cités insiste sur l’importance de la médiation dans les quartiers, d’acteurs avertis.

Nous pensons qu’il faut retisser le lien entre les habitants et que ces derniers réinvestissent l’espace public. Avec d’autres acteurs locaux, la commission Cités a agi dans cet objectif sur les différentes cités et dans le quartier de La Vache. Car nous sommes persuadés que là où les habitants se rencontrent, échangent, sont présents et actifs dans l’espace public, la délinquance recule, et le «bien-vivre-ensemble » progresse.

Dans l’attente de votre réponse,

Le 10 juin 2020,

Pour le Conseil d’Administration du Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris,

Serge Baggi

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