« C’est aberrant » : après la destruction d’une des dernières « Toulousaines », des riverains s’insurgent.

Article paru dans La Dépêche du jeudi 18 avril 2024.

DDM  FREDERIC CHARMEUX - MAISON TOULOUSAINE EN U EN DESTRUCTION AU 36 DE L' AVENUE DE FRONTON POUR LA FUTURE CONSTRUCTION DE L' ECOLE MATERNELLE LUCIE AUBRAC /

DDM FREDERIC CHARMEUX – MAISON TOULOUSAINE EN U EN DESTRUCTION AU 36 DE L’ AVENUE DE FRONTON POUR LA FUTURE CONSTRUCTION DE L’ ECOLE MATERNELLE LUCIE AUBRAC /

L’urbanisation galope à Toulouse, et le patrimoine architectural de l’avenue de Fronton n’est pas épargné. Une maison maraîchère vient d’être démolie. 100 logements seront construits

« C’est vraiment dommage pour le quartier, cette maison aurait pu être préservée ». C’est ainsi que Serge Baggi, président du comité de quartier Minimes Barrière de Paris, et habitant du quartier résume la situation.

Le sujet de la discorde, une Toulousaine, l’une de ces maisons maraîchères datant des années 1950, détruite ce mercredi matin au numéro 36 de l’avenue de Fronton dans le quartier Barrière-de-Paris :  » Nous sommes peinés par cette démolition. Avec la densification et le métro, quand on voit les pelles mécaniques à l’œuvre pour détruire cette maison, on se dit que ces ouvrages d’art, plein de splendeur avec ses portes, ses briques pleines et ses murs en couches successives, qu’elle aurait dû être conservée. Dans les années 1950, il y avait un vrai patrimoine toulousain du bâti avec ces maisons  » poursuit Serge Baggi.

Une réalité qui interloque Serge Baggi au vu du récent PLUIH (Plan Local d’Urbanisme intercommunal et d’Habitat) de la commune :  » Dans ce dernier, la conservation d’ensemble bâti qui représente des pans d’histoire du quartier est demandée. C’est une déception de voir ces symboles détruits ».

Même son de cloche pour Alain Soulard, un habitant du quartier. « Même si cette maison n’était pas protégée, elle aurait dû être restaurée, elle aurait pu servir étant donné qu’elle est proche des écoles et du jardin de la Vache, ou alors être utile pour les associations du quartier. C’est symptomatique du quartier. Des projets immobiliers sortent de terre l’un après les autres » se résigne Alain Soulard.

 » Si on n’est pas dans l’hypercentre, on est livrés aux promoteurs »

Stella Bisseuil est aussi une habitante du quartier, elle vit juste en face de la maison détruite : « C’est un mouvement de révolte qui est le mien. Ce matin en sortant de chez moi j’ai eu la surprise de constater la démolition de cette superbe maison. Des habitants du quartier et moi-même avons pris des photos tellement nous étions étonnés. J’ai même cru que nous n’étions pas à la bonne époque. À l’heure où la ville souhaite rénover plutôt que de démolir, c’est aberrant. La mairie de Toulouse considère qu’une fois l’hypercentre dépassé, ce n’est plus Toulouse et donc que cette politique ne s’applique pas. Nous sommes livrés aux promoteurs immobiliers. L’avenue de Fronton était une rue de maraîchers et depuis 20 ans, les promoteurs détruisent les arbres, les maisons avec jardin, alors que le quartier est déjà peu végétalisé. C’est un scandale », s’insurge Stella Bisseuil.

À la place de cette Toulousaine, symbole de l’architecture de la Ville rose, 100 logements construits par les promoteurs BC Promotions et SCI Jardins d’Olympe qui viendront remplacer cette maison.

 

Suite à cet article, nous avons fait nos recherches et voici ce que nous avons trouvé sur cette maison :

32 Ae de FRONTONN° 32  Avenue de Fronton :    ferme.
Une ferme de type maraîchère est construite dans la deuxième moitié du 19ième siècle. Le bâtiment se développe perpendiculairement à l’avenue et se compose de plusieurs corps de bâtiment : un logis principal et une annexe. La façade principale est en brique, tandis que les façades latérales sont en assises alternées de briques et de galets de Garonne. L’étage correspond à une surélévation, vraisemblablement vers 1930. Les fenêtres ont des garde-corps aux motifs caractéristiques de l’Art déco. Le niveau de comble est marqué par des cabochons en terre cuite vernissée et ornée de feuillages. Une corniche moulurée et une frise d’antéfixes à motifs de palmes couronnent la façade. L’ancienne noria en fer forgé a disparu entre 2008 et 2012 – seul subsiste le socle en brique, devant le mur de clôture.

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